Contre l’ordre de marche présidentiel (06/05/2017)
Contre l’ordre de marche présidentiel
Avec les candidats Macron ou Le Pen élus au deuxième tour de l’élection présidentielle, nous devons nous préparer à faire face aux pires offensives sociales et démocratiques de la période.
Nous pouvons vous annoncer d’ores et déjà : les mesures envisagées par les candidats ne feront qu’empirer la situation faite aux plus pauvres, à la grande majorité de la classe salariée, à toutes les couches populaires, à tous ceux qui vivent de leur travail ou qui en sont exclus.
En faveur du plein emploi
La politique d’emploi de Le Pen se résume à rétablir des barrières douanières aux frontières nationales afin de taxer uniformément les importations à 3%. En fait, au prétexte de protéger notre tissu industriel de la concurrence étrangère, européenne et extra européenne, la mesure renchérira surtout les importations pour les entreprises et les consommateurs finaux. Aucune création d’emploi n’est à attendre de cette politique. Tant que le capital garde la main mise sur les entreprises, les mesures protectionnistes envisagées n’épuiseront pas le problème du chômage. Renchérir le coût des importations et des délocalisations ne représente pas une solution pour les 10 millions de sans-emplois auxquels il faut trouver un travail. Mais même la menace d’une taxe spécifique de 35% à l’importation sur les produits des groupes qui ont délocalisé laisse à désirer. Car si le capital doit prendre au sérieux les menaces de Marine Le Pen, l’augmentation punitive des droits de douane dissuadera assurément les entreprises d’investir sur le territoire national, faute de pouvoir restructurer facilement ! Mais si, comme il le défend, le Front national à la tête de « l’État stratège » souhaite s’accorder « avec le privé », c’est à dire avec le capital, le Front national honorera ses engagements devant les intérêts du patronat français qui veut délocaliser quand cela lui paraît plus rentable et qui liquidera autant d’entreprises qu’il le juge nécessaire pour ses propres bénéfices. Conséquence sur l’emploi de la politique d’alternance du Front national : zéro !
La politique d’emploi de Macron s’inscrit toujours dans la très à droite ligne du Parti socialiste de Hollande. Pour améliorer l’attractivité du pays, attirer des investisseurs, faire de la croissance et relancer l’emploi, Macron souhaite alléger cette fameuse « charge fiscale qui pèse sur les entreprises », pour reprendre la formule consacrée. Le pays accuse une dette de 2000 milliards d’euros. Le contribuable rembourse déjà plus de 50 milliards d’euros tous les ans, rien qu’en intérêts de la dette. Mais Macron pense judicieux de baisser les impôts sur les sociétés ! Une baisse ciblée d’ailleurs sur les plus grandes sociétés au prétexte d’harmonisation, avec un taux d’imposition unique à 25% ! Pour compenser le manque à gagner, Macron pense faire 60 milliards de coupes dans les dépenses publiques. En clair Macron souhaite donc faire disparaître des centaines de milliers d’emplois dans la fonction publique ! Si donc la politique de baisse des charges et de baisse des impôts ne sera que d’un effet marginal sur les choix d’investissement des plus grandes sociétés industrielles et de service, nous sommes sûrs d’une chose : la politique de « réduction des dépenses publiques » dont Macron se fait le promoteur aura pour effet une hausse immédiate et vertigineuse du taux de chômage.
Pour Le Pen comme pour Macron, l’État doit continuer à assister les entreprises avec les milliards du CICE, qui s’ajouteront toujours aux multiples dispositifs d’exonération de cotisations sociales !
Au lieu d’encourager les entreprises à embaucher et à répartir la charge de travail, Le Pen et Macron défendent également tous les deux la mesure far du quinquennat de Sarkozy : la défiscalisation des heures supplémentaires !
Pour les deux candidats encore, favoriser l’emploi dans les entreprises signifie aussi dégrader les conditions de travail des salariés. Macron donne ainsi tout pouvoir aux employeurs pour signer des accords défavorables tandis que Le Pen souhaite « réduire les obligations administratives » des entreprises.
Si l’objectif est de réduire le taux de chômage, les mesures proposées des deux candidats sont évidemment bidon. Les entreprises capitalistes embauchent en premier lorsque leurs carnets de commandes sont bien remplis. Mais si l’objectif consiste à soutenir les intérêts privés des actionnaires et du patronat en dévalisant le contribuable, les deux candidats prennent les bonnes mesures !
Une vraie politique pour en finir avec le chômage, c’est la répartition du temps de travail par l’embauche de tous les chômeurs et la réduction du temps de travail à 25 heures ! Pour barrer la route aux délocalisations, en finir avec le chantage à l’emploi du patronat et faire face à la grève des investissements qui doit suivre une politique sociale, il faut que les travailleurs prennent sans hésitation la gestion directe et collective des entreprises ! Il ne faut plus reconnaître le pouvoir et le droit de propriété des capitalistes !
En faveur du pouvoir d’achat
Le Pen ne promet pas plus qu’une prime de 80 euros par mois pour les bas salaires et les petites retraites ! En pratique, avec le programme inflationniste de Marine Le Pen, cette augmentation signifie donc une baisse du pouvoir d’achat pour l’ensemble des salariés !
Sur la fin de son quinquennat, cette perte sèche ne sera même pas compensée pour ceux qui bénéficieront de la baisse d’impôt de 10% qui est promise sur les trois premières tranches !
Macron s’engage lui à supprimer la taxe d’habitation, mais ce sera pour augmenter immédiatement la CSG qui amputera entre autre le revenu de 60% des retraités ! D’un côté, Macron dit vouloir augmenter la prime d’activité pour les plus bas salaires et « rapprocher le salaire net du salaire brut » en supprimant les cotisations salariales, mais de l’autre, combien les assurés devront-ils payer pour être couverts par leurs complémentaires ? Combien les retraités perdront encore avec le système de retraite à point ? De combien les indemnités baisseront pour les chômeurs quand la gestion du régime d’assurance chômage sera passée entre les mains du seul gouvernement de Macron et de ses amis du Medef ? Mais nous allions encore passer sur le fait que Macron suspend les allocations chômage pour le seul motif que les « efforts de recherche d’emploi » sont jugés insuffisants !
Que ce soit avec Marine Le Pen ou avec Macron, la concurrence entre les travailleurs sera exacerbée. Le patronat aura tout loisir de tirer les salaires et les conditions de travail vers le bas, toujours plus bas.
En cherchant à exclure les travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, de l’accès aux logements sociaux, des emplois, ou des aides sociales, Le Pen livre les travailleurs immigrés, privés de droits, à la brutalité patronale. Au lieu d’assurer la sécurité à tous les travailleurs dans l’emploi, le FN empire donc les rapports de concurrence entre travailleurs nationaux et immigrés ! Avec la « simplification drastique du Code du travail grâce aux accords d’entreprise », qui permettra aux employeurs de baisser les salaires à chaque fois que justifiés par les circonstances, Macron veut généraliser la concurrence entre les salariés et le dumping social entre les entreprises elles-mêmes.
Une vraie politique pour bien vivre, c’est le plafonnement des revenus pour élever les salaires, retraites et allocations de la majorité du peuple ! Il faut récupérer 150 milliards des revenus des 10% les plus riches pour les redistribuer selon un principe de justice égalitaire et développer les services socialisés !
Pour accroître les richesses sociales et gagner en compétitivité, il y a bien autre chose à faire qu’à dégrader les conditions de travail des salariés ! Il faut développer les rapports de coopération entre les entreprises d’une même branche et d’une même filière ! Il faut mutualiser les ressources immenses qui sont aujourd’hui gâchées dans la lutte du tous contre tous ! Il faut en finir avec l’égoïsme réactionnaire du patronat, de ses hiérarchies et de ses petits intérêts méprisables !
En faveur des services publics et de l’environnement
En faveur du maintien des services publics, les engagements de Marine Le Pen restent vagues. Au contraire, Emmanuel Macron chiffre lui précisément son programme, mais pour casser littéralement les services publics utiles aux populations ! Il s’engage donc à tailler dans le budget et les effectifs des services publics pour un total de 60 milliards d’euros.
Le plan de Macron nous annonce donc un vaste plan de suppression d’emploi dans les services publics et un non moins vaste plan de privatisation de nouvelles sphères d’activité.
Par contre, nos deux candidats sont tous deux d’accord pour augmenter les dépenses militaires à 2 ou 3% du PIB !
Quelle guerre nous préparent-ils ? Au service du capital français et aux côtés de du capital Nord américain ou de la Russie de Poutine, ces candidats vantent la croissance de l’industrie d’armement, le recrutement de militaires par milliers et dizaines de milliers !
Avons-nous besoin de nous engager dans les préparatifs de nouvelles guerres ? Ne serait-il pas temps de rappeler plutôt nos troupes des différents théâtres d’opérations de Syrie, d’Afghanistan ou d’Afrique de l’Ouest ? En guise de réponse à la multiplication des actes de terrorisme sur le territoire, et par delà les différences d’orientation particulières, les politiques des deux candidats n’auront pour seule conséquence d’exacerber les tensions entre les communautés confessionnelles et raciales, ouvrir un nouveau boulevard au développement de l’intégrisme fondamentaliste islamiste, au nationalisme et à tous les préjugés réactionnaires.
En faveur de la protection de l’environnement, les candidats se retrouvent bien ! Macron ne s’engage sur presque rien en dehors d’un point ajouté à son programme sur les perturbateurs endocriniens et destiné à capter les électeurs de Hamon et de ses alliés d’EELV. Les deux candidats savent pas contre se dresser avec l’agrobusiness et ses syndicats contre « les normes administratives », qu’elles soient françaises ou européennes. Avec Macron qui milite pour le TAFTA, il faut aussi s’attendre à ce qu’il nous fasse sa transition écologique à coups d’OGM et de bœufs aux hormones !
Une vraie politique au service du public et de notre environnement, c’est une politique qui vise à fédérer tous les établissements publics et privés autour d’une même cause : la satisfaction des besoins des populations ! Dans le privé comme dans les services d’état, la gestion démocratique des activités doit permettre de supprimer les productions inutiles pour développer des services gratuits de santé, de formation ou de transport. Au lieu de la logique du profit, de la croissance destructrice de nos ressources, au lieu d’une économie de guerre et de concurrence, nous devons faire une économie coopérative fondée sur la responsabilité sanitaire et écologique. Nous devons créer les conditions d’une nouvelle coopération économique internationale et d’un partage équitable des ressources et des richesses sociales à travers les différentes nations du monde.
En faveur de la démocratie
Si certains démocrates visent à élargir le nombre de participants à la vie politique, Le Pen et Macron proposent le contraire !
Nos candidats s’accordent donc sur la même idée : réduire le nombre de députés et de sénateurs ! Il est vrai que plus le nombre d’élus est réduit et plus le gouvernement peut facilement s’en assurer le contrôle ! Avec Le Pen et Macron, c’est la démocratie du plus petit nombre !
Le Pen défend un scrutin proportionnel, mais avec une prime de 30% des sièges pour la liste arrivée en tête, soit l’assurance que le parti arrivé en tête détient la majorité absolue et incontestée dans l’hémicycle. Macron propose lui de limiter carrément le nombre de mois pendant lesquels le Parlement légifère, tout en faisant de la procédure d’urgence une procédure par défaut au prétexte « d’accélérer le travail parlementaire » !
Sans que nos deux candidats aient à trahir leurs engagements, nous savons d’ores et déjà nos libertés réduites et menacées, dans l’entreprise par les pouvoirs supplémentaires accordée au patronat, à l’échelle de toute la société par des mesures qui visent à accroître le pouvoir sans partage du gouvernement désignés du Président et choisi ou contrôlé par les milieux du grand capital.
Ainsi, non seulement les candidats annoncent déjà les termes de leurs offensives iniques contre les classes populaires, mais ils nous ont carrément et sans retenu annoncé les outils constitutionnels dont ils veulent se doter pour concentrer les pouvoirs qui leur permettront d’aller encore plus loin dans leur politique folle de ségrégation des populations, de paupérisation sociale, de marchandisation de l’humain et du vivant, de saccage de la nature, d’armement et de guerre extérieure et intérieure.
Avec Le Pen ou Macron à la présidence, le peuple travailleur est en danger !
Avec Le Pen ou Macron à la présidence, une offensive historique contre les travailleurs du pays et leur famille, nationaux ou immigrés, jeunes et retraités, occupés ou sans emploi est annoncée.
Collègues ! Camarades !
Dans nos entreprises et nos quartiers, nous devons faire preuve du plus haut esprit de solidarité. Organisons-nous sans délai ! Rejoignez notre mouvement sans délai !
Nous ne voulons pas de ce pouvoir bourgeois et de ses politiques. Nous nous opposerons à cette démocratie de façade qui est une vraie dictature. La chose paraît bientôt évidente à une majorité.
Nous nous battrons main dans la main pour défendre nos droits individuels et collectifs, nos amis et nos organisations syndicales ou associatives. Nous nous révolterons contre le patronat, nous lui ôterons tout pouvoir de décision dans les entreprises. Nos assemblées et nos conseils deviendront les seules autorités légitimes. Nous désobéirons aux lois des politiciens menteurs et corrompus. Nous ne reconnaîtrons plus l’État. Nous nous défendrons contre les nervis fascistes et contre tous les tueurs à gage du milieu allié du patronat.
Nous formerons des organes de défense et de combat au sein de toute industrie et dans toute commune rurale et urbaine.
Nous formerons les organes d’autogestion prolétarienne et nous fédérerons nos Conseils en pouvoir révolutionnaire.
Nous refusons de nous soumettre à l’ordre de marche du capital. Nous proclamerons le règne de la liberté !
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