Pour le premier tour des présidentielles (23/04/2017)
Collègues, camarades et amis !
Nous sommes à quelques jours du premier tour des élections présidentielles. Avez-vous fait votre choix ? Avez-vous bien lu les professions de foi des candidats ?
Le leurre représentatif et les promesses des candidats
Nous savons ce que valent les promesses électorales. Elles ne valent pas grand-chose. Nul candidat n’est tenu de respecter les engagements pris devant ses électeurs.
Comment pourrait-il en être autrement ?
La constitution de la 5e république interdit tout mandat impératif. Par un simple de ses articles, la constitution déclare que les élus ne peuvent être responsables devant leurs électeurs.
La démocratie représentative n’est qu’un leurre. Elle est par définition aliénation de la souveraineté populaire.
Pendant la durée d’un quinquennat, le Président qui concentre les pouvoirs d’un monarque, n’a nulle obligation de tenir ses engagements de campagne. Nul contrôle des concitoyens n’est possible sur son action.
L’immunité du président lui confère l’impunité. Il est aussi irrévocable.
Il ne faut donc pas accorder aux programmes des candidats et à leurs promesses de meeting trop d’importance.
Que valent les promesses d’un Hamon, tant son parti a déjà trahi systématiquement les aspirations de ses électeurs vers un peu plus de progrès social !
Et d’ailleurs, sur quoi Hamon s’engage-t-il véritablement ?
Son revenu universel d’existence à 750 euros par mois n’est-il pas plutôt un vilain stratagème pour abaisser à ce faible niveau les indemnités des chômeurs ?
Il faut en être sûr !
Le social pour le Parti socialiste, ce n’est qu’un instrument de drague électorale. Aussitôt élus, les présidents socialistes et leurs députés mettent toutes ces promesses à la poubelle.
À la poubelle la gauche bourgeoise ! À la poubelle le Parti Socialiste de Hamon !
Mélenchon qui a battu campagne pour une 6e république paraît revenir à quelques semaines du premier tour, sur une des grandes mesures du programme de « l’avenir en commun » : la réduction des écarts de revenu de 1 à 20 au profit d’une surtaxe sur les plus hauts revenus !
Mélenchon prend-il peur devant les conséquences de la déclaration de guerre sociale que signifie cette mesure programmatique contre les classes les plus riches ?
Nous n’avons aucune garantie que les candidats respectent leurs engagements sur toutes les mesures de progrès social et écologique.
Mais nous pouvons être sûrs que les candidats qui représentent les intérêts directs du capital et des classes bourgeoises ne manqueront pas de détermination pour réaliser leurs programmes de casse sociale !
Les Fillon et les Macron ne se cachent pas de vouloir augmenter le temps de travail des salariés, d’augmenter la TVA ou les impôts sur les TPE, de réduire les indemnités chômage, de baisser les remboursements de santé par la sécurité sociale au profit des assurances privées et de leurs actionnaires !
Si des candidats proposent une dose de proportionnelle au sein de l’Assemblée nationale, Macron, nous promet carrément de faire sa loi par des procédures d’urgence, sans vote des députés et après avoir réduit au préalable leur nombre !
Quand ces mêmes candidats nous disent qu’ils veulent réduire le nombre de normes environnementales et en finir avec le principe de précaution, là aussi, il faut les bien croire !
Enfin, nous pouvons les candidats sont encore moins tenus par les engagements qu’ils n’ont pas pris !
En politique extérieure, le candidat officiel du PS et l’autre Macron, ne s’engagent absolument sur rien. Et cela a une signification très concrète. En toute cohérence avec l’histoire de leur parti, et des intérêts extérieurs de leurs soutiens, il faut en conclure l’alignement de leur politique internationale sur la politique de guerre de l’administration nord-américaine.
Catastrophe !
Nous n’apporterons par pour autant notre préférence à une guerre impérialiste de fabrique française que pourrait nourrir la hausse des budgets militaires à 3% du PIB promis par Le Pen !
Casse sociale, destruction de notre environnement, croissance fondée sur l’industrie de l’armement, hausse de la dette et des impôts, interventionnisme impérialiste à tout crin.
Soyez-en sûr ! Tous les engagements qui vont dans le sens de l’oligarchie capitaliste et de la grande bourgeoisie, de la baisse de nos salaires et de la dégradation des prestations sociales quand elles viennent amortir le choc des crises et des inégalités, tous les engagements qui vont dans le sens d’un renforcement des pouvoirs des vilains pions de la finance, tous ces engagements seront tenus. À défaut toutefois de mobilisation de masse, de la classe salariée et du peuple opprimé.
Mobilisons-nous !
En cas d’élection d’un des candidats choisis par les classes patronales et financières, il faut se préparer à une résistance sans précédent.
Les candidats bourgeois se font élire par les électeurs issus du peuple. Mais grand dieu pourquoi constatons-nous, en presque chaque occasion, que ce même peuple élit les représentants de ses ennemis. Comment se fait-il qu’il s’obstine à voter les politiques qu’il devra combattre, secteur par secteur, sur le terrain syndical et associatif, dans l’entreprise et dans la rue ?
C’est que nous n’arrivons pas à faire cohésion sur un programme commun. Nous avons peur de la rupture et de la réaction des classes dominantes. Nous avons peur de leur vengeance quand nous aurons cherché à secouer un peu le joug.
La majorité des électeurs craint les scénarios d’un grave conflit. La majorité, par manque de confiance en la force collective de la population exploitée, en notre capacité de lutter, et surtout de réorganiser l’économie sur de nouvelles bases, se résout presque toujours à voter le candidat le moins pire de l’ordre d’aujourd’hui. Les électeurs subordonnent leur choix à des considérations particulières et s’accrochent à quelques propositions positives qui servent d’appât à tout un programme de régression. Les électeurs se font par là une raison du capitalisme et de ses politiciens professionnels.
Sauf que les contradictions sociales deviennent insupportables à une fraction croissante de la population. Les vieux partis bourgeois sont discrédités depuis plusieurs décennies en bas du peuple. Aujourd’hui, ce sont les classes moyennes du salariat qui se détournent du Parti socialiste et de la droite traditionnelle. Le Front national se renforce d’élection en élection dans les couches populaires. Une petite bourgeoisie urbaine se mobilise et s’enthousiasme pour Macron.
Mais il y a aussi cette masse d’électeurs dégoûtés par les politiques de droite et de gauche, d’anciens abstentionnistes, avec des militants associatifs et des syndicalistes, des sympathisants d’extrême gauche, d’anciens militants socialistes. Nous les retrouvons dans les meetings et les rassemblements de la France insoumise.
La dynamique autour de la candidature de Mélenchon est significative.
Des centaines de milliers de personnes se mettent à imaginer un changement profond. La question de la légitimité de nos institutions est posée largement, avec cette constituante pour une 6e république, et un nouveau modèle économique est envisagé avec la planification écologique et la « révolution fiscale ».
Des millions d’électeurs s’apprêtent à se mobiliser en faveur de la candidature de Mélenchon.
Le programme de l’Avenir en commun représente le programme d’une démocratie sociale radicale. La bourgeoisie reste encore en bonne place dans ce projet.
Mais le programme de Mélenchon, dans un vieux pays impérialiste comme le nôtre, et dans les circonstances, représente une rupture déjà si importante avec l’ordre social actuel, imposerait une si forte frustration aux classes capitalistes, qu’il est tout bonnement impossible de le voir réalisé sans heurts.
Mélenchon dit avoir besoin d’une mobilisation populaire pour réaliser son programme. Et effectivement, si nous prenons au sérieux le programme de la France insoumise, s’il s’agit de le réaliser en pratique, si ce programme n’est pas qu’une tartufferie, alors il ne faut pas imaginer une seule seconde que les classes dominantes françaises et leurs alliés de l’étranger resteraient sans rien faire.
Les forces sociales opposées de notre société devraient s’entrechoquer avec violence. La mobilisation révolutionnaire de fractions entières du peuple deviendrait une question de survie pour le nouveau gouvernement.
À moins que Mélenchon renie tous les engagements pris. À moins que jugeant le rapport de force encore trop défavorable à la réalisation des principales mesures de son programme, Mélenchon et son équipe abdiquent aussitôt élus.
Nos perspectives
Il faut refuser tout soutien aux Macron, Le Pen, Fillon ou Hamon, tout soutien aux candidats de la bourgeoisie, de la gauche et de la droite ou de l’extrême droite et de toutes leurs variantes.
Les candidats défenseurs des mesures de régressions sociales doivent être écartés d’office. Les candidats dont les réformes proposées n’auront pour conséquence que de renforcer les inégalités de fortune, croître le chômage et la misère, l’insécurité et les pollutions doivent être dénoncés.
Nous devons nous déterminer selon nos intérêts généraux, travailleurs salariés, indépendants, exploités, toutes professions, toutes origines confondues.
Nous devons nous déterminer dans les élections suivant le seul programme qui permet la satisfaction de nos besoins.
Nous disons :
-Pour vaincre le chômage, il faut la répartition du temps de travail, il faut la baisse radicale du temps de travail, il faut l’embauche de tous les chômeurs.
-Pour vaincre la pauvreté et la misère, il faut répartit les richesses sociales de façon égalitaire, il faut réduire radicalement les écarts de salaire, plafonner les revenus, rendre impossible l’enrichissement par l’exploitation d’autrui.
-Pour que les besoins de consommation des populations soient satisfaits dans les meilleures conditions, il faut prendre en gestion collective la production, nous, les travailleurs et consommateurs associés.
-Pour conjurer la catastrophe écologique, il faut sortir de la logique du profit privé, abolir le droit de propriété capitaliste, il faut instaurer une démocratie économique.
-Pour conjurer le risque de nouvelles guerres, pour assurer la sécurité, il faut tout miser sur la coopération économique étroite entre les nations, aider au développement autonome des pays, défendre les droits des peuples à l’autodétermination contre les pressions et le brigandage impérialiste.
-Pour gagner la maîtrise complète sur la vie économique qui conditionne notre développement, il faut que les classes exploitées se saisissent du pouvoir, sur la base des assemblées d’entreprise et de quartier, sur la base des conseils industriels et territoriaux.
Pour atteindre le régime de liberté, il faut s’engager dès maintenant, s’organiser par secteur pour amener nos collègues et voisinage à l’exigence de notre libération.
Il faut construire un mouvement structuré, capable d’organiser la défense révolutionnaire du peuple soulevé contre l’arbitraire des classes exploiteuses et corrompues.
Nous voulons construire ce mouvement qui aidera à structurer les institutions nouvelles que nous construisons à partir de nos réseaux d’entraide et de solidarité et de nos contre-pouvoirs fédérés.
Les votes en faveur de Poutou, Arthaud et Mélenchon
Arthaud et Poutou, quand ils défendent l’augmentation des salaires, la répartition du temps de travail ou la réquisition de certaines entreprises, ils réaffirment la nécessité de prendre des mesures radicales contre les intérêts capitalistes.
Mais comme dans le programme réformiste de Mélenchon, le projet de LO et du NPA n’est pas défini.
Le programme défendu par LO est celui du contrôle des salariés sur les entreprises et de l’abolition du secret commercial, mais pas de la gestion directe des travailleurs sur la production et les échanges, pas d’un régime débarrassé du patronat. C’est toujours « au patronat de payer leur crise ».
Les professions de foi de Nathalie Arthaud et Poutou présentent des objectifs d’un programme de lutte, mais qui n’a pas encore le caractère d’un programme socialiste, ni même celui d’un gouvernement révolutionnaire de transition. La question de la prise du pouvoir est absente. La question de la socialisation des richesses sociales et de l’égalité sociale est oubliée.
Dans les programmes de Lutte Ouvrière et du Nouveau Parti Anticapitaliste, l’État capitaliste est contesté, mais reste l’employeur et le décideur.
La revendication du désarmement de la police par exemple, illustre parfaitement au NPA cette incapacité à se projeter au-delà d’un rôle de stricte opposition.
C’est la question de l’autodéfense populaire que nous posons à la fois contre le crime organisé, contre les violences policières, et contre les réactions bourgeoises armées.
Si Mélenchon affirme son réformisme politique, l’extrême gauche qui ne dit mot de ses ambitions révolutionnaires est confondue.
Mais malgré les limites des programmes et interventions de Poutou et Arthaud du point de vue des nécessités de notre libération, il faudra bien sûr se réjouir de leurs succès électoraux face à tous les partis patronaux.
Ainsi, les suffrages qui se porteront sur la figure de Mélenchon, additionné aux suffrages que recueilleront les candidats de Lutte Ouvrière et du Nouveau Parti Anticapitaliste, donneront une mesure de l’esprit de sédition sociale dans le pays.
Les meilleurs scores obtenus par ces candidats devront nous encourager à nous structurer rapidement dans le cadre de notre mouvement et selon notre stratégie propre.
Que l’un des deux candidats Macron ou Fillon soit qualifié pour le second tour ou que ce soit le candidat de la France insoumise, une période de lutte de haute intensité devrait s’ouvrir.
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